Le retour sur Terre de Coré et l'avènement du Printemps
Numéro d'inventaire
2023.1.1
Auteur
Odette Pauvert auteur
Typologie
Peinture
Dimensions
H. 93 cm, L. 64 cm
Matériaux et techniques
toile (huile)
Datation
1925 – 1930
Propriétaire/Dépôt
AFR
Description - Iconographie
Retour sur terre de Coré (Perséphone), déesse des enfers, et avènement du printemps. Sa mère Déméter, représentée désespérée au sol, est réveillée par un Amour tandis qu'Hermès, chargé par Zeus d'exfiltrer Coré des Enfers, est représenté sur un drige.
Historique
Odette Pauvert naît de parents tous deux miniaturistes, Henri Pauvert et Louise Pauvert née Cochet. En 1922, elle entre à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts dans l’atelier de Ferdinand Humbert pour le dessin et d’Émile Renard pour la peinture. Elle peint alors de nombreux sujets bretons, région d’origine de sa mère. Elle expose pour la première fois au Salon de la Société des Artistes Français en 1923 en présentant un portrait en miniature qui reçoit une médaille d’argent. À l’École des Beaux-Arts, son travail est aussi remarqué, elle obtient le Prix d’Attainville, le Prix Sturler et des prix de figures et d’esquisses.
En 1925, elle est la première femme à obtenir le Grand Prix de Rome de peinture, avec son tableau La Légende de saint Ronan (Paris, ENSBA). Elle arrive à Rome en janvier 1926 et s’installe à la Villa Médicis avec sa mère. Elle représente sa promotion dans un tableau conservé à la Villa Médicis (Promotion 1926, AFR, 2016.0.441). On l’y reconnaît aux côtés d’Évariste Jonchère, sculpteur, Alfred Audoul, architecte, et Louis Fourestier, compositeur. Pauvert séjourne à Rome pendant trois ans, jusqu’en 1929. Marquée par la peinture italienne du XVe siècle, elle exécute de grands formats ainsi que des paysages romains.
À son retour de Rome en 1929, Pauvert travaille dans l’atelier de ses parents rue du Cherche-Midi (Paris). Elle exécute alors plusieurs grandes commandes de décors : pour l’église du Saint-Esprit, pour l’école primaire des garçons de la rue Jomard, pour le dortoir de la garderie d’enfants de la ville de Sèvres. Quelques années plus tard, elle peint aussi des décors pour plusieurs pavillons de l’Exposition Universelle de 1937.
Ayant obtenu une bourse à la Casa Velázquez de la part de l’Académie des Beaux-Arts, elle séjourne durant toute l’année 1934 à Madrid. Puis, à partir de la Seconde Guerre mondiale, Pauvert peint principalement des miniatures : portraits de ses proches, paysages bretons et natures mortes.
(Voir aussi : Chavanne Blandine et al. (1986) Odette Pauvert : 1903-1966 : première femme Grand prix de Rome de peinture : [exposition], Poitiers, Musée Sainte-Croix, Poitiers, 18 juin-15 septembre 1986. Poitiers : Musée Sainte-Croix.)
Odette Pauvert peint ce tableau pendant son séjour à Rome, où elle peut admirer les chefs-d’œuvre de la peinture italienne et s’imprégner de culture antique et tradition mythologique, allant caractériser la production symboliste qu’elle développe au cours des années 1930.
Cette composition verticale s’articule autour du mythe de Perséphone. Mais, au lieu de représenter le rapt, Pauvert opte pour la représentation de la fin heureuse : le retour sur terre de la déesse, symbolisant l’arrivée du printemps.
Selon le mythe, Hadès tombe amoureux de Perséphone, fille de Zeus et Déméter, et l’emmène de force aux Enfers. Déméter, déesse de l’agriculture et des moissons, part à sa recherche et délaisse les récoltes, provoquant la famine et bouleversant l’ordre du monde. Si Zeus enjoint à Hadès de rendre Perséphone, celle-ci est désormais liée au monde souterrain : en guise de compromis, Zeus décide qu’elle passe une partie de l’année sur terre, la rendant fertile, et l’autre – où la terre sera stérile – aux Enfers.
Le tableau représente ce bousculement de saison, où la nature se transforme et se régénère. Désignée sous le nom de Coré (« jeune fille »), la déesse descend du char d’Hermès : l’apparence éthérée accentue son innocence et sa pureté, en contraste avec son statut de reine des Enfers. Coré foule le sol verdoyant et parsemé de fleurs, colombes et biches convergent vers elle ; Déméter n’en a pas encore pris conscience et, prostrée au sol à côté de sa faucille, affiche un air désespéré tandis qu’un amour tente d’attirer son attention. Pauvert concilie ainsi classicisme mythologique et célébration intime de l’amour filial.
On note aussi dans ce tableau la présence de deux pigeons, oiseaux qu'Odette Pauvert représente fréquemment afin d'animer ses compositions peintes à Rome. Dans une lettre à son père (Rome, Villa Médicis, s.d. ; Paris, archives familiales de l’artiste), elle confie d’ailleurs « Je m’occupe aussi toujours des pigeons – on nous en a volé un l’autre jour ».
Œuvres en rapport
Partager